Via Attaque
Les soins et la douce odeur de la dynamite ! Communiqué, année n°1. Numéro 1.
« Femmes, esclaves de l’esclave : encouragez vos camarades à secouer le joug qui nous opprime tous de la même manière. Rejetez les mensonges et les impostures des bourreaux en soutane : jetez leur à la gueule leurs « reliques » et leurs singeries ridicules et agrandissez les rangs des libertaires qui, unies aux rebelles, font de la propagande avec la plume, avec la parole et aussi avec le fusil ou la dynamite, en détruisant les tanières où habitent les loups du pouvoir, de l’argent et de la religion. En avant, femmes libres ! »
Francisca J. Mendoza
¡Tierra! n°481, 28 décembre 1912
Vers 22 heures, le 9 septembre 2022, nous avons placé un engin explosif, fait de dynamite et gaz butane, dans un camion de transport de marchandise, sur la calle 31, à Escárcega, dans l’État du Campeche, dans le but de saboter la guerre contre la forêt que le gouvernement du Mexique est en train de mener, avec la construction de la ligne ferroviaire nommée Tren Maya.
I. CE N’EST PAS SEULEMENT UN TRAIN, CE N’EST PAS MAYA !
Il s’agit d’un projet de destruction, pour une réorganisation territoriale qui vise à instaurer un modèle de « pôles de développement » dont les effets seront l’expansion de relations pleinement capitalistes dans la péninsule du Yucatán, ce qui provoquera la prolétarisation, le déplacement forcé, une pollution généralisée, la spoliation et la destruction de nos modes de vie. NOUS NE L’ACCEPTONS PAS.
Ce projet s’est imposé par le fonctionnement de la machine militaire étatique, en collusion avec les mafias agraires qui sont actives dans le Yucatán depuis l’époque de la colonisation ; et, dans les « consultations » truquées qu’ont été faites, personne n’a jamais demandé notre opinion, à nous, les femmes de la région. C’EST POURQUOI NOUS AVONS DÛ RECOURIR À LA PROPAGANDE PAR LE FAIT, POUR EXPRIMER CLAIREMENT NOTRE REFUS DE CE PROJET.
Nous ne voulons pas voir la forêt détruite ! Nous ne voulons pas quitter nos modes de vie communautaires ! Nous ne voulons pas que nos filles deviennent leurs cuisinières, leurs serveuses ou leurs objet de viol ! Et c’est cela que nous offre la violence de leur « développement », avec le train.
Nos filles seront libres ! Libres comme la forêt ! Nous ne voulons pas la violence, mais ce sont le gouvernement et la bourgeoisie exploiteuse qui, par la violence, sont en train de détruire nos modes de vie, nos corps, nos territoires ! Et nous allons nous défendre !
Dans ce scénario de salles d’autopsie et de violence qu’ils veulent nous imposer, l’étique des soins, dans nos mains, devra acquérir la douce odeur de la dynamite !
II. DÉGUISEMENT FÉMININ. PEAU PATRIARCALE
Aujourd’hui, les commentateurs du pouvoir se vantent – comme si cela était un « progrès » – du fait que pour les prochaines élections [le 2 juin 2024 ; NdAtt.], dans le territoire occupé par l’État mexicain, les candidates à la présidence seront des femmes. Comme si par un simple changement de corps on changeait la politique. Mais nous voulons dire à ces dames que leur féminisme bourgeois, blanc, raciste, d’élite est une saleté que nous ne digérerons pas. Parce que que nous savons clairement que l’État est la forme juridique qui organise la violence du patriarcat, du capital et du colonialisme, pour nous soumettre. C’est pour cela qu’il faut attaquer l’État, parce qu’il est la source de la violence patriarcale ! RIEN QUI VIENNE DE L’ÉTAT NE SERA AUTRE CHOSE QUE VIOLENCE PATRIARCALE ET RACISME, MÊME S’ILS Y METTENT UNE MASQUE AVEC UN CORPS DE FEMME !
Nous ne sommes pas des femmes de la forêt, nous sommes la forêt qui se défend !
De quelque endroit de la forêt de la péninsule du Yucatán.
Coordination de femmes anarchistes pour la défense de notre corps-territoire.
Liberté pour les prisonniers anarchistes ! Liberté pour Mónica Caballero, Francisco Solar et Alfredo Cospito !
P.S. Nous saluons les compagnonnes du commando féministe informel d’action anti-autoritaire, qui ont mené des actions à d’autres endroits du territoire occupé par le Mexique, parce qu’elles nous ont motivées à prendre ce chemin.