via Bash Back:
Cette semaine, des squatteur-euses et leurs ami-es ont défendu le Skull Squat à Brooklyn contre des promoteurs immobiliers louches et leurs hommes de main qui ont tenté d’entrer par effraction, d’empêcher les résident-es de rentrer à l’intérieur, et ont voulu détruire le bâtiment. Après avoir forcé l’entrée trois jours de suite avec des marteaux et des meuleuses, les promoteurs ont été repoussés ces deux derniers jours par des dizaines de punks, d’anarchistes, de voisin-es, et d’ami-es. Le bâtiment est squatté depuis six mois par six anarchistes trans, racisé-es et blanc-hes.
Les promoteurs, deux frères israélo-américains tenaces et violents, ne possèdent pas le bâtiment. Ils ont forcé à partir des resident-es de longue durée il y a des années, ont laissé le bâtiment se détériorer, et espèrent le récupérer une fois qu’il sera saisi. Ils ont convaincu la police de leur revendication à la « gestion » du bâtiment grâce à des permis de travail douteux, qui leur ont permis d’entrer par effraction et de blesser celleux qui tentent de défendre le squat. Leurs prétendus baux et permis ont été déclarés invalides par plusieurs autorités civiles.
Une coopérative d’habitation abordable possède la maison à trois étages et l’a abandonnée il y a des années. Elle se situe dans un quartier que nous ne sommes pas supposé-es pouvoir nous payer. Mais nous l’avons trouvée, remise en état, et y habitons. Et nous ne partirons pas sans nous battre.
En défendant notre maison, nous nous opposons directement à la machine de promotion immobilière qui veut prendre ce bâtiment, le raser, et construire un autre immeuble à la place. Les organismes municipaux sous-financés chargés de préserver des logements abordables ont depuis longtemps failli à protéger le bâtiment, nous nous en occupons alors nous-mêmes.
La semaine dernière, des squatteur-euses à Skull se sont réveillé-es avec des ouvriers du bâtiment dans leur salon. Les ouvriers, tout autant surpris, ont appelé un des promoteurs, qui a appelé les flics. Les policiers qui se sont rendus sur place ont établi que nous étions des resident-es – et donc, qu’il s’agit d’une affaire de droit civil – et ont fait rebrousser chemin au promoteur et aux ouvriers.
Quelques jours plus tard, l’autre frère est arrivé avec de nouveaux hommes de main. Ils ont poussé et donné des coups de pied aux squatteur-euses, se sont frayés un chemin jusqu’au premier étage, et l’ont fermé à clé. Les flics ont établi qu’ils avaient le droit d’être à cet étage, et sont restés passifs tandis qu’ils nous attaquaient avec des barres de fer et des marteaux. Après leur départ, nous avons enlevé leurs serrures et avons renforcé la défense du bâtiment, mais ils ont encore réussi à forcer l’entrée le lendemain. Tandis que la police continuait à regarder, ils ont détruit le premier étage avec des masses et ont tenté de briser les tuyaux d’eau et d’égout dans le sous-sol. Après leur départ, nous avons de nouveau repris possession de tout le bâtiment, et avons passé la nuit à réfléchir stratégie et à construire des barricades.
Le jour suivant, plus de soixante ami-es et soutiens se sont rassemblé-es d’urgence après de nouvelles tentatives d’intrusion.
Aujourd’hui, ils ont encore tenté d’ouvrir la porte d’entrée à la meuleuse et, après quelques instants, ils ont abandonné et ont tenté de meuler le verrou de la trape donnant sur le sous-sol. Pour reprendre l’héritage de 40 ans de traditions du milieu squat de New York, des bols de pisse ont été vidés sur eux depuis la fenêtre. Ils ont ensuite abandonné leur tentative de forcer l’entrée.
Pendant que j’écris ce texte, des ami-es de l’info-shop local sont en train de rire et de discuter autour d’un barbecue et de tables pliantes remplies de nourriture et de boissons. Hier, des squatteur-euses d’une ville voisine ont joué aux cartes sur le trottoir, puis se sont rapidement mis-es en travers de la route des hommes de main qui arrivaient en s’accrochant les un-es aux autres. D’ancien-nes ami-es et compagnon-nes de squats ont repris contact sur les barricades, et de nouveux liens ont été formés entre camarades de sous-cultures et de générations différentes.
Demain, c’est le solstice d’hiver. Les hommes de main n’étaient pas encore partis lorsque le soleil se couchait. Demain, le soleil se lèvera et les jours deviendront de plus en plus long, et Skull Squat sera toujours debout, et le sera pour encore longtemps.